Pour le budget des ménages, premier avril rime, traditionnellement, avec revalorisations de nombreuses prestations, comme les allocations familiales, le revenu de solidarité active (RSA) ou encore l’allocation adulte handicapé (AAH). A combien s’élèvera l’augmentation cette année ? Tout dépend des aides – des taux différents ayant été actés dans les lois budgétaires votées fin 2019.
Si les revalorisations initialement prévues ne sont pas remises en cause dans le contexte de la pandémie, le calendrier du mois est sans surprise perturbé par la situation exceptionnelle, l’entrée en vigueur de plusieurs réformes a notamment été reportée et il faut s’attendre à recevoir son chèque énergie avec un léger retard. Tour d’horizon de ce qui change en avril… et de ce qui, finalement, ne change pas.
Epargne salariale : il faut s’attendre à des retards de versements
- Certaines prestations sont sous-indexées
Comme prévu fin 2019, les prestations familiales se voient « sous-indexées » le 1er avril. En clair, leur revalorisation annuelle s’effectue à un taux moindre que l’inflation. Elles évolueront ainsi de 0,3 %, comme l’an dernier. Sont notamment concernées les allocations familiales, l’allocation de base de la prestation d’accueil du jeune enfant, le complément libre choix du mode de garde (CMG), la prime de naissance (qui devrait passer de 944,51 à 947,34 euros).
L’AAH augmente elle aussi en avril d’un petit 0,3 %. Son montant maximal passe donc de 900 à 902,70 euros, après avoir toutefois connu fin 2019 une revalorisation exceptionnelle de 40 euros. Parmi les autres prestations visées par la sous-indexation à hauteur de 0,3 % : la prime d’activité.
Attention, les prestations versées par les Caisses d’allocations familiales (CAF) l’étant à terme échu, c’est-à-dire à l’issue du mois pour lequel elles sont dues, vous ne verrez concrètement que début mai sur votre compte l’effet de ces revalorisations entrant en vigueur le 1er avril.
- D’autres sont revalorisées selon l’inflation, ou plus
Le RSA est en revanche revalorisé en fonction de l’inflation, donc de 0,9 % ; il passe ainsi de 559,74 euros à 564,78 euros pour une personne seule. Même hausse pour la grande majorité des pensions d’invalidité (celles dépassant 2 000 euros se verront toutefois appliquer le taux de 0,3 % ; les mêmes modalités de revalorisation différenciée ont été utilisées en janvier pour les retraites de base).
Quant à l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI, touchée notamment par les personnes dotées d’une petite pension d’invalidité), une revalorisation exceptionnelle au 1er avril avait été prévue dans le budget 2020, afin d’augmenter le plafond mensuel de ressources totales garanties à ses bénéficiaires. Dans le cas d’une personne seule, par exemple, il passera de 723,50 à 750 euros.
- Versement anticipé du RSA et des allocations familiales
RSA, prime d’activité, allocations logement, allocations familiales, AAH, etc. : dans le contexte de l’épidémie et du confinement, le versement, aux banques des bénéficiaires, des prestations gérées par les CAF interviendra exceptionnellement en avance ce mois-ci, vendredi 3 avril (au lieu du 6 initialement prévu), nous a confirmé la direction de la Sécurité sociale. Précisant que les montants devraient arriver sur les comptes des allocataires le lendemain.
- Les tarifs réglementés du gaz diminuent encore
Après une baisse de 0,9 % en janvier, 3,3 % en février et 4,6 % en mars, les tarifs réglementés du gaz connaissent une nouvelle diminution importante au 1er avril, de 4,4 % en moyenne (hors taxes). Dans le détail, « cette baisse est de 1,1 % pour les clients qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 2,5 % pour ceux qui ont un double usage, cuisson et eau chaude, et de 4,6 % pour les foyers qui se chauffent au gaz », a précisé la Commission de régulation de l’énergie.
- Déclaration des revenus : un calendrier en réflexion
C’est la deuxième semaine d’avril que devait normalement être lancée la campagne 2020 de déclaration des revenus, pour s’achever début juin. Aucune date n’a toutefois été confirmée. Des aménagements du calendrier initial sont à l’étude dans le contexte du confinement, « pour que tout se passe de la manière la plus sereine et pratique, que ce soit pour les déclarants en ligne ou les déclarants papiers », a précisé au Monde l’administration fiscale.
Nouveau cette année : si vous avez déclaré vos revenus en ligne en 2019, vous ne recevrez pas de déclaration préremplie par voie postale, l’option « zéro papier » s’appliquera automatiquement.
« Cela permettra d’éviter l’impression et l’envoi de plus de 10 millions de déclarations dans des enveloppes plastiques, soit plus de 250 tonnes de papier et l’équivalent de dix-huit fois la hauteur de la tour Eiffel », justifient les services des impôts sur leur site. Les usagers en ayant besoin pourront toutefois se la procurer auprès de leur centre des finances publiques.
- Aides au logement, chômage : les réformes reculées
Deux réformes annoncées de longue date devaient entrer en vigueur ce 1er avril mais ont été reportées. La première concerne les aides au logement, qui resteront donc calculées en fonction des ressources de l’année N-2 et ne seront pas tout de suite basées sur les ressources actuelles des allocataires. « Les mesures prises pour faire face à l’accélération de l’épidémie du coronavirus réduisent la disponibilité des personnels », explique le ministère de la cohésion des territoires sur son site, sans annoncer de nouvelle date.
La réforme du calcul des indemnités chômage (modification de la façon de déterminer le salaire journalier de référence, l’élément qui sert de base au calcul de l’allocation) est également repoussée, au 1er septembre, en raison des « conséquences sur le marché du travail » de la « propagation du virus Covid-19 », indique le gouvernement dans un décret publié le 29 mars.
- Envois des chèques énergie en avril et mai
Les chèques énergie 2020 devaient être envoyés aux ménages en situation de précarité entre le 27 mars et fin avril, selon les départements. Les expéditions démarreront finalement au « début du mois d’avril » et s’étaleront jusqu’à mai, a annoncé le ministère de la transition écologique et solidaire. Ajoutant qu’il faut en outre s’attendre à des délais d’acheminement « légèrement rallongés du fait de la réduction de service de La Poste en période de confinement ».
Ce chèque, d’un montant compris entre 48 et 277 euros, peut être utilisé pour régler des factures d’électricité ou de gaz, pour certains travaux de rénovation énergétique, etc. Cette année, 5,5 millions de ménages doivent le recevoir. Cliquez ici pour vérifier votre éligibilité.
« Compte tenu des mesures de confinement liées au coronavirus, afin d’éviter tout délai de prise en compte du chèque énergie, il est vivement recommandé de privilégier (…) une utilisation en ligne du chèque énergie, le délai de traitement des chèques adressés par courrier aux fournisseurs d’énergie étant susceptible d’être allongé », précise le ministère. Les près de 800 000 ménages ayant choisi la « préaffectation » du chèque ne le recevront pas, il sera transmis directement à leur fournisseur mi-avril et déduit de leurs factures.
- Prolongement de la trêve hivernale
Alors que la trêve hivernale prend habituellement fin le 31 mars, elle se poursuit exceptionnellement ce 1er avril, pour deux mois supplémentaires, en raison de la pandémie liée au coronavirus. La mesure a été annoncée le 12 mars par le chef de l’Etat lors d’une allocation télévisée. Les expulsions locatives demeurent donc interdites, sauf exceptions, jusqu’au 31 mai.
Source: Le Monde